Après une période fortement perturbée, la remise en mouvement d’un collectif de travail est un exercice délicat. Pour éviter l’improvisation, quelques pistes …
La clé ? Le sens ! Recréer du sens soutiendra une bonne reprise. Le mot est à entendre dans ses trois dimensions : le sens c’est d’abord, la direction, l’orientation que l’on prend, le cap que l’on suit. C’est ensuite la signification que l’on attribue, l’interprétation que l’on fait de ce que l’on perçoit. Enfin, les sens, sont nos dispositifs de perception du monde, nos fameux cinq – ou six – sens et plus largement notre intelligence du réel. Ainsi, nous percevons des signaux, auxquels nous attribuons une signification, en fonction de laquelle nous agissons. C’est la clé de la mise en mouvement. Pour le manager, cela suppose d’agir conjointement sur ces trois leviers : proposer un cap clair, s’assurer de la disponibilité de chacun, soutenir l’émergence d’une nouvelle histoire collective.
Proposer un Cap clair (re-lier au projet) : il est probable, que la période traversée ait changé la donne de votre contexte. L’ambition initiale est à revoir, les objectifs évoluent, les clients n’ont plus les mêmes besoins … Bref, le marché a bougé. Cela impose une révision du projet, de la stratégie, de l’ambition. Voilà pour la mise en mots. Pour la mise en mouvement, plus que jamais votre équipe aura besoin d’un pilote pour expliciter le projet actualisé, le communiquer. Centré sur l’urgence de la situation le manager a dû endosser le costume de pompier, gérer le court terme, traiter les questions pratiques qui se posaient à l’équipe, gérer le stress des autres sans trop penser à lui … Alors, avant de repartir et pour pouvoir à nouveau porter une vision, prendre un temps d’inventaire, de soi, de son contexte et au besoin savoir se faire soutenir.
S’assurer de la disponibilité de chacun (re-lier à soi-même) : nous venons de vivre une période historique, traumatisante pour certains, troublante ou ressourçante pour d’autres … Impossible de retourner à la « vie normale » comme si rien ne s’était passé, sans « parler » tout cela. Il s’agit cette fois de l’environnement intérieur de chacun. Est-il agité ou calme, disponible ou accaparé, paisible ou en colère, joyeux ou triste, confiant ou apeuré ? Il s’agit ici de relier chacun à lui-même, à travers un exercice de narration ou plus largement d’expression. Aller à la rencontre de chacun, offrir un temps d’écoute sans autre finalité que l’expression des choses … Cela peut se faire lors d’entretiens en face à face, comme lors d’un retour après les absences de longue durée, lors de temps d’échange plus informels, en proposant des accompagnements aux plus affectés …
Partager une histoire (re-lier au collectif) : voici le nouveau cap fixé et la disponibilité de chacun évaluée, reste à reconstruire un sens pour une histoire collective. Toutes ces questions posées par la période doivent trouver des pistes de réponse. Les valeurs ont été questionnées, bousculées, l’action doit pouvoir être portée par une croyance en quelque chose de plus grand que soi. Plus que jamais, il s’agit que chacun s’identifie au projet collectif, le partage et le porte. Pourquoi, comment allons-nous agir ? Selon quelles modalités ? Les réponses à ces questions ne se décrètent pas, elles s’écoutent. Ici aussi, le manager dispose d’un certain nombre d’outils. Temps collectifs spécifiquement dédiés à la production de sens, à la narration d’une histoire commune, séminaires de créativité sur le nouveau projet, ateliers thématiques, workshops dédiés …
Au-delà de confiner chacun chez lui, la crise a recentré chacun en lui. A l’heure de la sortie, plus que jamais se poseront les questions liées au sens : où aller maintenant, pourquoi et comment … Pour l’équipe, bien sûr, mais aussi pour son manager. Prendre le temps du sens est la clé du rebond. Compliqué dans cette période agitée ? Sans doute … Mais si le sens a un coût, combien coûte d’en manquer ?
Par Gildas Perrot, Président LGP Conseil